vendredi 15 décembre 2006

L'Homme moderne

Type : Histoire courte



Minuit quarante cinq... déjà... C'est marrant comme lorsque je ne fais rien, je ne vois pas le temps passer. Alors que si j'ai le malheur de travailler, ce n'est pas du tout la même histoire, la journée n'en finit plus. Vous n'avez jamais remarqué? Je soupçonne par ailleurs une présence là haut qui fait joujou avec le temps, juste pour me pourrir la vie, oui la mienne particulièrement...

Une heure. C'est pas vrai! A peine le temps de lever les yeux de l'écran et paf, un quart d'heure dans la vue. Dire que j'ai encore deux dossiers à finir et une présentation de projet à préparer, et comme à ma bonne habitude, je n'ai toujours pas commencé. On va d'abord vérifier que le réveil est bien réglé, comme j'ai la vague impression que je ne suis pas encore couché, faut pas que je rate le coche demain matin. Ok c'est bon, 6h30. Je me demande vraiment pourquoi chaque soir je le règle celui la, vu qu'il ne se désactive pas tout seul, que je me lève tous les jours à la même heure, et qu'il n'y a pas un matin où cette foutu radio ne m'a pas réveillé à temps. Certainement que ça me rassure, mais de quoi? De ma stupidité habituelle? Remarquez, c'est vrai qu'il faut être con comme une huître pour perdre son temps sur internet, après un week-end où l'on a rien foutu, après une semaine où l'on a glandé, en étant complètement crevé, n'ayant qu'une envie, celle de dormir. Mais non, on ne peut pas s'empêcher de rester encore un peu. Pour quoi faire vous demandez-vous sûrement, je n'en sais absolument rien, je regarde mon bel écran, et c'est vrai qu'il est joli, bêtement, comme le ferait un légume. De temps en temps, je tourne la tête, me prépare à me lever pour aller chercher ces fichus dossiers mais subitement je me souviens que je devais regarder quelque chose avant. Et puis il suffit que j'entr'aperçoive l'état de mon appartement pour que mes convictions même les plus fortes se dissipent en un instant. La vaisselle... il y en a partout, l'évier est bien évidemment plein à ras bord, à tel point que lorsque je prends mon courage à deux mains avec le désir ardent de laver tout ce... merdier?, je n'ai même pas la place de rincer une fourchette. Les vêtements sont étalés sur le sol, des affaires sales, des propres encore pliées, d'autres en boule. Au milieu de tout ça, il ne faut surtout pas oublier de compter les papiers pour la plupart importants (quittances de loyer, factures, bons de garanties entre autres, etc...). Des fois je m'étonne moi même, comment j'ai pu en arriver là avec ce mignon petit appartement. Et oui car avant que la tornade ne passe, ce T1 de trente cinq mètres carrés était le plus simple, le mieux organisé, idéal pour l'homme seul que je suis. Mais c'était sans connaître l'incroyable puissance qui sommeillait profondément en moi, j'ai réussi à en faire un champs de ruines! Comment avoir envie de faire quoi que ce soit là dedans. J'ai bien essayer de ranger, nettoyer ce bordel innommable. Mais vous savez ce que c'est, ça marche une journée, et retour à la case départ le lendemain.
Tien, j'ai faim. C'est vrai ça, à 2h du matin, je n'ai pas encore mangé. Aller je vais me faire des pâtes et j'attaque tout de suite après, comme ça je serai débarrassé. Ha mais non je suis bête, je n'ai plus de casserole propre. Tant pis c'est pas grave, je mangerai demain midi. Bon alors je regarde encore un épisode et je m'y mets.

3h du matin. Je suis vraiment naze, je n'arrive même plus à lire ce qu'il y a écrit sur ce fichu papier. Je crois qu'il est tant d'aller au lit, je finirai le travail demain matin, je vais juste décaler le réveil d'une petite demi-heure, je torcherai les dossiers dans le métro, et puis pour la présentation je la ferai à l'ancienne, en improvisation. Après tout, ça m'a plutôt bien réussi jusqu'à maintenant cette manière de vivre, s'il on regarde mon job de sous-directeur, il manque seulement une petite femme, mais bon, c'est surtout une source d'embêtement supplémentaire, alors pourquoi changer quelque chose qui marche si bien?

dimanche 3 décembre 2006

Les bienfaits du travail

Type : Histoire courte



Il faut travailler. On arrête pas de me répéter ça. Il faut travailler. Mais j'en ai marre, les math. sont pas faits pour moi. Il faut travailler. Moi j'ai envie de sortir, d'aller m'amuser. Si jamais je le fais, je sais très bien que tous ces connards qui eux n'ont aucune vie sociale en dehors de leur prépa. toute pourrie vont me piquer ma place pour l'année prochaine. Il faut travailler. Eux le fond, je suis obligé de le faire, je dois m'accrocher.


Je dois travailler. Je n'arrête pas de me le répéter. Mais ce n'est pas plus efficace que la première fois. Ca m'obsède. J'essaie pourtant, rien ne marche, c'est trop dur... Non je ne dois pas dire ça, je vais y arriver, c'est juste une mauvaise passe...


Tu dois travailler, les parents qui n'arrêtent pas de le répéter. Comme s'ils comprenaient quelque chose eux. A part gueuler quand le bulletin arrive, ils ne servent à rien. Evidemment en même temps, ils ont à peine leur Bac, ils ne peuvent pas avoir conscience de tous les sacrifices que je dois faire chaque jour. Tu dois travailler. Je le sais bien, il faut que je m'y mette tout de suite si je veux assurer une note supérieure à 3 au devoir. Et voilà, je stress déjà comme un fou alors que ne ce n'est que dans une semaine...


Tu aurais du travailler. Ca y est c'est fini, je suis en train de péter un câble. Connards de parents... MAIS J'AI TRAVAILLE BORDEL! Putain je me suis couché à quatre heures et me suis levé à six heures pour bosser un maximum. Tout ça pour quoi? Un deux... un de plus... et encore je vise large je suis sûr... Si je ne me retenais pas, je ferais un massacre... d'ailleurs pourquoi je me retiens? Je suis persuadé que donner un ou deux coups à mon frère m'aiderait à me détendre. D'accord après il ira chialer et comme d'hab' les deux vieux cons viendront en rajouter un couche, mais au moins je me saurais défoulé.

Hé le nain, viens ici! Prends ça dans la tête c'est cadeau, et puis ça aussi tiens, et encore ça... Ouha c'est génial, ça marche je m'amuse comme un fou, je me sens bien maintenant. Aller on continue, un autre pour la route. Je devrais peut-être m'arrêter il braille de plus en plus fort... Non encore un peu, c'est si bon. En voilà une raison pour couiner, t'en veux encore? C'est bizarre il ne dit plus rien, son visage a changer on dirait. Mince il y a une tache rouge sur la moquette!

Merde quand les vieux vont arriver et découvrir ça, je vais dérouiller. Il faut que je trouve un moyen de m'en sortir, vite. Aller quoi je suis un futur ingénieur, je devrais être capable de trouver quelque chose rapidement... C'est bon, je crois que j'ai la solution, au point où j'en suis, je vais m'arranger pour "éliminer" le problème. Où est ce foutu couteau de cuisine, je vais les attendre moi, bien sagement comme ils m'ont appris, mais cette fois, je ne vais pas les entendre piailler, je veux les entendre souffrir avec le même plaisir qu'ils avaient en me torturant chaque fois qu'ils me trouvaient devant la télé.